En actualité, le programme du 9° ESTIVAL DU LUISANT


Mercredi 21 mai - 20 h 30

Les pires

Ciné de la vallée


réalisation : 

Lise Akoka

Romane Guéret

France 2022

Lauréat du prix Un certain regard, le premier long de Lise Akoka et Romane Gueret suit, avec le bon dosage d’humour et de clairvoyance, un groupe d’enfants d’un quartier populaire embarqué·es sur un tournage.

Comme devant tout premier film redoutable de maîtrise – ce qui n’arrive pas si souvent –, l’envie nous démange d’aller débusquer ce qui échappe au contrôle, justement, d’une œuvre parfaitement orchestrée de son premier à son dernier plan. Qu’est-ce qui déborde des images ? Derrière son dispositif bien huilé, Les Pires laisse-t-il une place au secret, celui que l’enfance, forcément sauvage, tient bien gardé et ne livre pas si facilement aux cinéastes ?

La réponse réside peut-être dans l’écart, plus ou moins distant, que la caméra instaure avec ses modèles, gamin·es cabossé·es par la vie, embrigadé·es dans le tournage d’un film sur un quartier pauvre des Hauts-de-France. L’imbrication du film dans le film dit d’emblée son ambition d’interroger un genre bien rodé en France (le cinéma social), quitte à verser dans l’autocritique.

Cela est fait, par chance, avec le bon dosage d’humour et de clairvoyance, les réalisatrices prenant soin de questionner l’éthique et le risque d’ambivalence de leur démarche (spectacularisation de la misère, voyeurisme) sans scier la branche sur laquelle elles sont assises. Au contraire, réalisateur borderline, assistante, technicien sont filmé·es à travers le prisme d’un puissant amour pour les artisan·es du cinéma.

À ce désir de capter la vie d’un tournage s’adjoint la vérité des visages. Là encore, ce sont des années de recherches, des centaines de rencontres qui ont abouti à l’élaboration du scénario – à partir d’un puzzle de témoignages – et au choix des quatre acteurs et actrices semblant jouer leur propre rôle (en réalité très écrit), dans une troublante confusion réalité/fiction.

Au-delà de sa force d’incarnation, due à des comédien·nes en puissance élevé·es par le pouvoir émancipateur du cinéma, l’intelligence empathique du film tient dans sa magnifique mobilité, sa capacité ultra-rapide de déplacement, entre ce qui ferait de ces enfants soit des spécimens sociologiques, captés dans leur environnement (caméra lointaine), soit des figures héroïsées sans contact avec la réalité (les gros plans).

La fiction est au contraire ici cet outil qui transfigure les visages sans les dénaturer, ne choisit pas entre la personne et le personnage, le réel et le mythe, capable de cueillir avec la même disponibilité une éruption de violence comme un afflux de tendresse. Après Hafsia Herzi (Bonne Mère) et Samuel Theis (Petite Nature), en 2021, Lise Akoka et Romane Gueret sont les nouveaux noms qui redonnent décidément ses couleurs au film social dans son expressivité la plus sensible.

Bande annonce

Emily Barnett 'Les inrockuptibles'


Mercredi 28 mai 2025 - 20 h 30

Opération M.A.U.R.I.C.E

concert-spectacle par la Cie CES GENS-LA

M.oment M.usical A.utour des U.topies R.évolutionnaires I.maginé par

des C.hambristes E.xpérimentaux

Direction artistique, violon, ukulélé, voix: Marie Salvat

Compositeur : Alexis Morel

Piano, clavier : Sarah Margaine

Violoncelle : Marité Grisenti

Tuba : Pascal Rousseau

Guitares : Vladimir Medail

Percussions : Stanislas Delannoy

Ingénieure du son : Lucie Laricq

Costumes:Madeleine Lhospitalier

 

On y trouve :

Un génie de l’orchestration, le bruit sourd d’un barreau de prison, des rythmiques basques de

zortzico, un anarchiste qui plante son drapeau noir, des effluves de guerre mondiale, un camion

nommé « Adélaïde », la mère Matrie, une oraison libertaire qui vocifère,

une passacaille qui s'entend passar por la calle, de vieux bouquins.

Maurice Ravel, tout maigre et freluquet, se fait gentiment remercier quand il tente de s’engager dans l’aviation. Il lui manque quelques centimètres ou quelques kilos et, pour lui, c’est un drame. Il ne peut pas laisser les jeuneshommes français aller à la guerre sans rien faire, sinon écrire de la jolie musique sur du beau papier. 

D’une traite, il écrit son Trio. 

Un autre Maurice frappe à la porte, en fait non, il est pas du genre à attendre la permission: c’est Maurice Joyeux, antimilitariste anarchiste de la première heure, sa vie passée à militer pour l’ordre sans le pouvoir et à se faire enfermer. Lui est appelé sous les drapeaux de la deuxième guerre mondiale et s’en extirpera bec et ongle.

Deux hommes, qui ne partagent que leur prénom, deux visions saillantes de la question de l’engagement et du patriotisme.

 

Avec le soutien de l'ONDA